Homosexualité : le point de vue d’un moine zen
Rencontre avec le moine zen Federico Procopio et Louis-Georges Tin, fondateur de l’IDAHO (International Day Against Homophobia and Transphobia).
Célébrée dans près de 70 pays, la journée mondiale contre l’homophobie et la trans-phobie se déroule le 17 mai. Louis-Georges Tin a choisi cette date parce que c’est le 17 mai 1990 que l’Organisation Mondiale de la Santé a supprimé l’homosexualité de la liste des maladies mentales.
On peut distinguer trois types de problèmes liés au regard des autres sur l’homosexualité :
– les aggressions ;
– les discriminations, dans l’emploi, le logement, l’accès à la famille ou au mariage ;
– les injures et la stigmatisation.
La vision du Bouddhisme sur l’homosexualité
Les trois grandes lignées bouddhistes sont réunies autour d’une certitude commune : l’absence de dualité. La dualité dans laquelle nous nous installons n’est que le fruit de l’ignorance. Toute la dualité que nous construisons dans notre quotidien est intangible : le beau/le laid, le bon/le mauvais, les hétérosexuels/les homosexuels… tout cela n’existe pas ; ce ne sont que des discriminations que notre esprit fait pour classifier le monde et se rassurer.
L’amour, par exemple ; cette mouvance de l’esprit et du coeur, d’un être vers un autre être, ou, d’une façon plus large, d’un être vis-à-vis de l’Univers, n’est, à la base, ni bon ni mauvais… C’est simplement le mouvement du coeur dans la reconnaissance et la perception d’une réalité qui est en face de soi et que l’on chérit. En ce sens, il ne peut y avoir de discriminations vis-à-vis d’un être en fonction de son orientation sexuelle.
D’autre part, le Bouddhisme nous apprend que nous ne pouvons pas enfermer l’être humain – ni quoi que ce soit – dans son enveloppe corporelle. On ne peut donc pas juger un individu par son orientation sexuelle.
Changer les mentalités
Apprendre à dialoguer sur ce qui unit les grandes religions du monde – la compassion, l’amour, la charité et l’Homme au coeur de la création – permettrait de changer les mentalités.
Il y a de nombreuses actions – conférences, expositions, manifestations, spectacles – sur des thèmes divers qui permettent de lutter contre les violences, quelles qu’elles soient. Il y a aussi des campagnes internationales, dont la plus importante porte sur la dépénalisation universelle de l’homosexualité. A ce sujet, une pétition réunissant de nombreux signataires (dont plusieurs Prix Nobel) a été signée en 2006. Ayant abouti à une déclaration portée par la France aux Nations Unies devant l’assemblée générale du 18 décembre 2008, elle a été signée par 67 pays. Aujourd’hui, l’objectif est de faire de cette déclaration une résolution – c’est-à-dire un texte contraignant.
Les associations homosexuelles font également un travail d’éducation et de dialogue. En ce sens, elles interviennent dans des écoles laïques pour porter ce message – un message que l’Education Nationale ne transmet pas elle-même. L’IDAHO souhaite que ces associations puissent également entrer dans des écoles confessionnelles, afin de porter ce message au-delà des écoles de la République.
• Une vidéo SereniTV.
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