Ouvrages qui ont trait à la parole sacrée, au brahman et dont la composition marque le commencement de la période appelée brahmanisme. Les Brâhmanas enseignent le rapport des formules védiquesou mantras avec les cérémonies du sacrifice, et forment ainsi de véritables rituels où les cérémonies sont, non seulement exposées en détail, mais expliquées soit par des légendes, soit par des symboles. Le sentiment religieux qui s’exprime parfois si délicatement dans les hymnes védiques est absent des Brâhmanas; il y est remplacé par des spéculations extravagantes où l’esprit sacerdotal s’amuse avec son culte et ses dieux. Pradjâpati (c. -à-d. Brahma), le nouveau souverain du ciel où il a pris la place auparavant occupée par Indra, le maître des créatures, le père des dieux, est tour à tour identifié au sacrifice et à l’année, et les théologiens racontent sans sourciller ses amours incestueuses. Le couple mystique Yadjna( = Sacrifice) et Vàtch ( = Parole) est aussi le héros d’aventures analogues qui montrent bien jusqu’où va dans les Brâhmanas cette manie des explications symboliques.


« Yadjna pensa : Vâtch est une femme; je vais donc lui faire un signe et elle m’invitera. Il lui fit donc un signe. Mais elle le dédaigna de loin : et c’est pourquoi une femme, quand un homme lui fait signe, le dédaigne de loin […]. Les dieux dirent à Yadjna : Fais-lui encore un signe, et certainement elle t’invitera. Il lui fit encore un signe; elle ne lui répondit que par un mouvement de tête: et c’est pourquoi une femme, quand un homme lui fait signe, lui répond par un mouvement de tête […]. Les dieux lui dirent : Fais-lui encore un signe, et elle t’appellera certainement. Il lui fit un signe, et elle l’appela. Et c’est pourquoi la femme finit par inviter l’homme. » (Satapatha-Brâhmana III, 2, 1, 19-22.).


Ce court extrait indique assez l’esprit de l’exégèse brahmanique; il en montre exactement aussi le
style. La prose, encore à ses débuts, manque d’aisance; elle ignore l’art de varier les tournures et de subordonner les propositions; sa gaucherie et sa naïveté reproduisent celles du raisonnement. Aux premiers temps du brahmanisme, ces encyclopédies religieuses se multiplièrent rapidement; chaque famille sacerdotale recueillait dans son Brâhmana les traditions et les enseignements des générations antérieures. Mais quand la somme toujours croissante des connaissances en nécessita la division, les manuels de liturgie (sûtras), les traités de philosophie(Upanishads) et les collections de légendes (itîhasas) remplacèrent les Brâhmanas. La plupart, conservés jusque-là par la tradition orale, disparurent alors. De ceux qui ont survécu, les plus importants sont : l’Aitaréya-Brâhmana et le Kauchitaki (Rig-Véda; le Tândya, le Tchândogya, le Chadvimsa, l’Adbhouta (Sâma-Véda), le Taittirîya et le Satapatha (Yadjour-Véda); le Gopatha (Atharva-Véda)