Le tatouage : tout savoir avant de se lancer
23/09/2011
Noir, en couleur, motif tribal ou asiatique, le tatouage a toujours autant la côte auprès des jeunes et des moins jeunes. Synonyme de différenciation pour certains, moyen de provocation pour d’autres, le tatouage laisse rarement indifférent.

Si la profession des tatoueurs n’est pas encore reconnue par l’État, il existe une Charte d’hygiène depuis 2003, écrite conjointement par le Syndicat National des Artistes Tatoueurs.
Il consiste en l’introduction de pigments et de colorants dans l’épiderme, afin d’obtenir un motif permanent. Si l’acte peut paraître banal, il ne faut pas oublier que cette pratique reste encore peu réglementée, et qu’un tatouage effectuée dans de mauvaises conditions peut avoir des conséquences graves, autant esthétiques que médicales. Alors avant de vous lancer pour le motif de vos rêves, renseignez vous bien sur votre salon, et si le côté marquage à vie vous effraie, sachez qu’il existe toujours des tatouages temporaires, qui peuvent être une bonne alternative pour un été !
Une pratique ancienne
Il est difficile de déterminer l’époque exacte à partir de laquelle le tatouage a commencé à se pratiquer. On sait néanmoins que les civilisations les plus anciennes avaient pour habitude d’orner leurs corps de motifs et de dessins afin de se différencier des autres groupes . En Eurasie, depuis le néolithique, Otzï l’homme des glaces retrouvé dans les Alpes en 1991, arbore déjà des tatouages sur le corps. Les marques retrouvées sur son corps ont été examinées comme thérapeutiques. Situées au niveau des articulations, elles possédaient des fonctions médicales comme la prévention de l’arthrose. Le corps, pourtant datant de -3500 avant J-C présente les premières traces de tatouages de l’humanité.
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, trois momies avec des tatouages d‘animaux ont été retrouvées dans l’Altaï. Ces momies sont pourtant vieilles de plus de deux millénaires. Le tatouage à cette époque était une marque distinctive permettant la reconnaissance d’un groupe, d’une ethnie précise. C’était un symbole religieux, culturel mais aussi esthétique. Certaines civilisations n’hésitant pas non plus à s’en servir comme un rite initiatique, la douleur du tatouage permettant de sacrer l’enfant vers l’âge l’adulte. Le tatouage était aussi un moyen de marquer à vie une certaine partie de la population, afin de mieux la différencier. Les esclaves de l’Antiquité étaient marqués sur le corps afin qu’ils ne puissent pas s’échapper et que leurs maîtres puissent les reconnaître. Plus tard au VIIIe siècle, le pape Hadrien décida de bannir le tatouage ainsi que toutes marques corporelles d’inspirations païennes. Cet évènement marque le début d’une ère « sans tatouages » en Occident, du IXe au XVIIIe siècle.
Vers la fin du XVIIIe siècle, l’époque des grandes Découvertes, notamment dans le Pacifique, permit aux Européens de redécouvrir les pratiques du tatouages, notamment par le biais des populations d’Océanie. On raconte même que les marins se tatouaient des crucifix dans le dos afin de se prémunir d’une flagellation. Défigurer une image pieuse était en effet synonyme de crime. Deux siècle plus tard, l’usage du tatouage se répandit à des fins les plus macabres. Les nazis sous le régime d’Hitler, ou encore la Police s’en servaient afin de mieux identifier leurs prisonniers. Ces tatouages forcés existent toujours. Nombres de mafias imposent à leurs membres l’appartenance à leur groupe par le tatouage. Ce dernier peut aussi être infligé comme punition, à l’image des yakuzas, de la mafia japonaise, obligés de subir un tatouage déshonorant en cas de mauvaise action.
Depuis les années 70, et la libération du corps, le tatouage s’est démocratisé et est devenu un véritable accessoire de mode. Il est arboré fièrement par les plus grandes stars du rock ou du cinéma et beaucoup essayent de copier leurs idoles en essayant de reproduire le papillon de l’une ou l’étoile de l’autre.
Le symbole d’une personnalité
Ancre marine ? Cœur enflammé avec le nom de l’élu(e) ? Il faut savoir qu’un tatouage n’est jamais anodin, tant par l’endroit que le motif choisi. Ainsi, les endroits les plus populaires aujourd’hui semblent être la nuque, la cheville, le poignet, ou le bas du dos pour les filles, alors que les garçons choisiront plutôt les bras, le dos ou encore le torse. Ces endroits bien choisis démontrent de manière habile, que le tatouage n’est plus seulement un moyen d’identification à un groupe, mais plutôt une manière de revendiquer son originalité ou un trait de personnalité. Parmi les raisons d’un tatouage, il y aurait l’envie de séduire, de provoquer ou encore l‘influence musicale. Les rockers généralement sont plus friands de tatouages que les passionnés de musique classique ou de jazz. Et ainsi le sont leurs fans respectifs.
De même, les moments choisis pour se faire tatouer sont souvent particuliers. On remarque que le tatouage est souvent effectuée durant les étapes charnières de la vie. L’obtention de la majorité, après un évènement important, naissance, décès, ou mariage.
La sécurité pour un tatouage réussi
La réalisation du tatouage n’est évidemment pas sans risque. La peau n’étant pas faite pour recevoir des corps étrangers. Aujourd’hui, la méthode la plus répandue est le tatouage à l’aide d’un dermographe. Cette machine possède des aiguilles fines s’activant rapidement et permettant d’insérer de l’encre entre le derme et l’épiderme. Selon la taille et la nature du tatouage (noir ou couleur), la quantité ainsi que la concentration d’encre utilisée peut varier. Si la douleur est ressentie différemment selon les individus, il n’est pas rare qu’un gros tatouage soit effectué en plusieurs fois.
Le choix du salon doit s’effectuer en toute vigilance. Les tatoueurs à la sauvette sur la plage ou le marché aux puces, sont rarement à conseiller. Si la profession des tatoueurs n’est pas encore reconnue par l’État, il existe une Charte d’hygiène depuis 2003, écrite conjointement par le Syndicat National des Artistes Tatoueurs. Cette Charte établit les règles d’hygiènes et de stérilisation du matériel. Un arrêté du 11 mars 2009 complète cette Charte et renforce les bonnes pratiques d’hygiène et de salubrité. N’hésitez pas à assister à une séance avant de vous lancer, et de vérifier que votre tatoueur utilise des gants réglementés, ainsi que du matériel stérilisé. Un tatouage réussi ne peut l’être que si les conditions de pose sont optimales.
Le tatouage pour tous ?
S’il n’existe aucune interdiction officielle, il est évidemment préférable de s’abstenir en cas de maladies de la peau, d’hémophilie, de sida, d’hépatite B et C. De même les femmes enceintes doivent éviter de se faire tatouer, l’étirement de la peau risquant de modifier le tatouage après l’accouchement. Pour ce qu’il est de la fameuse polémique du tatouage avec une péridurale, si aucune étude officielle n’a été faite sur le sujet, il convient de s’abstenir par précaution. En effet, lors d’une péridurale, l’aiguille pourrait déposer des pigments dans la moelle, pouvant alors provoquer tumeurs et des inflammations. Si rien n’est prouvé, profitez de la consultation pré-anesthésique afin de déterminer les meilleurs endroits à définir pour une éventuelle péridurale.
En France, les mineurs de plus de seize ans peuvent se faire tatouer avec l’autorisation et la présence des parents. Néanmoins, beaucoup de tatoueurs refusent de tatouer des mineurs, le corps risquant de changer…ainsi que les goûts! Le tatoueur doit aussi vous prévenir des risques auxquels vous vous exposez, ainsi que des règles à respecter après la pose. Désinfectant, antiseptique et nettoyage régulier sont obligatoires pour une bonne cicatrisation. La piscine et le soleil, eux, sont souvent à proscrire. Préférez des vêtements amples et en coton afin de ne pas étouffer la plaie !
Dix ans après…
Si l’esprit du tatouage est une marque « à vie », un faux pas est tout de même réparable (mais cela a un prix ! ). Les détatouages s’effectuent soient par laser soit par ablation chirurgicale. La plus populaire est la première méthode, il suffit de prendre rendez-vous avec un dermatologue ou un chirurgien, qui vous indiquera en fonction de la profondeur de votre tatouage, les démarches à effectuer. Le laser permet de traiter uniquement la partie tatouée, et est très efficace. Les lasers permettent d’effacer les tatouages monochromes sans cicatrices et en totalité. Ce résultat est surtout effectif sur les peaux blanches, les épidermes plus foncés risquant de laisser une trace. Il est possible d’effacer un tatouage de couleur avec la méthode de dermabrasion. C’est un ponçage qui consiste à éliminer la couche superficielle de la peau. La cicatrisation qui s’ensuit nécessite des soins particuliers et réguliers.
Le tatouage semi-permanent
Si le tatouage semi-permanent séduit de plus en plus, il fait aussi souvent polémique pour son côté plus permanent que semi-permanent. N’oubliez pas que pour être artificiel, le tatouage ne doit être implanté que dans l’épiderme. Autant dire que votre tatoueur doit avoir des qualités chirurgicales pour ne pas atteindre le derme (couche située en dessous de l’épiderme). De plus, de nombreux salons d’esthétiques proposent désormais de vous poser un tatouage pour une durée limitée… et remplacent l’encre par du maquillage. Le tatouage semi-permanent pose les mêmes problèmes que le tatouage normal. La cicatrisation, la durée de vie dépendent bien entendu des personnes, de l’entretien et du milieu de vie. Ces méthodes sont donc à consulter avec vigilance. Pour les autres il restera toujours le henné, ou les stickers-tattoos!
Combien ?
Le prix d’un tatouage varie en fonction du tatoueur et du tatouage ! Certains tatoueurs se feront payer à l’heure, alors que d’autres feront payer au tatouage choisi. Le plupart des tatoueurs font payer un prix de base, comprenant tout le matériel nécessaire à la pose (matériel, encre, temps nécessaire à la préparation…) Il est aussi possible de payer un petit surplus, si le motif choisi est personnalisé. En général, les différents éléments qui déterminent le coût du tatouage sont l’emplacement, la taille, l’encre utilisé, la difficulté de pose. En général, un tatouage peut varier de cinquante à plusieurs centaines d’euros.
• Élise Lambert, pour www.sereni.org
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