Pourquoi bâille-t-on lorsque nous sommes fatigués ? Pourquoi le bâillement est-il contagieux ? Comment expliquer le plaisir que l’on éprouve à bien étirer notre mâchoire ? Découvrez tout ce qu’il y a à savoir sur ce phénomène du quotidien.

 
 

Un bon baîlleur en fait baîller sept. Image du domaine public.
Un bon bâilleur en fait bâiller sept. Image du domaine public.

 

Prendre une longue inspiration, bloquer, expirer puis profiter d’une sensation de bien-être durant quelques secondes. Le bâillement est un phénomène commun à de nombreuses espèces animales (tous les vertébrés excepté la girafe) et apparaît dès la 13ème semaine dans le processus de gestation chez les humains. Il faut dire qu’avec en moyenne 240 000 bâillements au cours de notre vie, nous n’avons pas de temps à perdre !

 
 

Un cerveau rafraîchit ?

 

Pendant longtemps, le manque d’air ou d’oxygène a servi d’explication à l’origine du bâillement. Mais plusieurs études ont montré que des personnes réalisant une activité sportive (et qui ont donc besoin de plus d’oxygène pour leur corps) ne bâillent pas forcément plus souvent. Et si les scientifiques ignorent encore la fonction exacte du bâillement, la théorie selon laquelle nous bâillons lorsque notre cerveau est en surchauffe est largement acceptée. En effet, notre cerveau consomme plus d’un tiers de notre énergie métabolique et surchauffe parfois lorsque l’on est fatigué, malade ou encore lorsque l’on s’ennuie. Lorsque la température de notre cerveau augmente, nous bâillons pour le rafraichir. Ce processus a également été vérifié par les scientifiques sur les perroquets, qui ne bâillent qu’à une certaine température. En plus d’avoir le cerveau rafraîchi, c’est tout notre corps qui éprouve une sensation de bien-être grâce à la dopamine, connue pour être « un neuromédiateur du plaisir et de la récompense, que le cerveau libère lors d’une expérience qu’il juge « bénéfique » » (Inserm).

 
 

Quand l’empathie nous fait bâiller

 

Si « un bon bâilleur en fait bâiller sept », il doit beaucoup à notre capacité d’empathie. Mais pour de nombreux scientifiques, il ne s’agirait pas de compassion à proprement parler ou d’empathie cognitive mais d’un simple réflexe. Pour certains, le phénomène de contagion du bâillement serait dû aux neurones miroirs, découverts chez le singe macaque au début des années 1990 par Giacomo Rizzolatti et son équipe, à l’Université de Parme. Comme leur nom l’indique, les neurones miroirs pousseraient un sujet ayant observé l’action d’un autre sujet à entraîner une action similaire. Mais si la communauté des neuroscientifiques s’est rapidement emballée, la publication de The Myth of Mirror Neurons en 2014 du spécialiste des bases neurales du langage, Gregory Hickok, met en doute les nombreuses capacités attribuées aux neurones miroirs.

 

La contagion du bâillement ne met peut-être pas tout le monde d’accord mais ses bienfaits sont indéniables. Lorsque nous bâillons, la pression sanguine augmente et l’étirement des muscles faciaux accroît l’attention. Un phénomène qui prend tout son sens dans le règne animal : lorsqu’un animal bâille au sein de son troupeau, il rappelle à ses congénères de rester concentrés sur les potentiels dangers ou proies.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.