La photographie de Robert Doisneau
La photographie humaniste de Robert Doisneau a marqué plusieurs générations d’artistes et de spectateurs. Petit aperçu du parcours de celui qui a capturé le plus célèbre des baisers (Le Baiser de l’hôtel de ville, 1950).
Né en 1912 à Gentilly, en banlieue parisienne, Robert Doisneau a su marquer les esprits avec sa photographie humaniste. La Courneuve (1945), La dernière valse (1949), et Le Baiser de l’hôtel de ville (1950) figurent parmi les plus célèbres clichés du photographe.
Trouver la bonne distance
Dans un entretien (1983) avec l’écrivain et cinéaste Sylvain Roumette, Robert Doisneau confie que sa distance fut dictée par sa timidité : « je regrettais de ne pas pouvoir être plus proche des gens, mais je n’osais pas trop m’approcher » (ndlr : dans ce passage, le photographe évoque sa peur de la foule). Cette distance ne l’empêchait pas d’être intimement lié à ces instants volés et créait en lui un sentiment de mélancolie tellement puissant qu’il évitait de les regarder : « ça me fait la même impression que mon album de famille, j’ai vraiment le sentiment du temps qui a passé, avec cette vieillesse qui arrive comme par inadvertance, à mon insu, ce truc qui vous saisit brusquement, ça vous donne le vertige ». Pour Robert Doisneau, il est clair qu’on ne fait pas les photos pour soi mais pour les partager.
De l’humanisme avant tout
La force de la photographie de Robert Doisneau réside principalement dans son humanisme. Ces instants capturés sans prétention ont probablement été influencés par l’environnement dans lequel Robert Doisneau a grandi. Son père ayant souffert de travailler toute sa vie dans la même boîte, il a refusé de suivre le même chemin. « La photographie ça semblait un peu canaille et ça me plaisait » (Du métier à l’œuvre, Jean-François Chevrier). Et si ses clichés sont encore aujourd’hui admirés et appréciés, le travail de Robert Doisneau n’était pas celui attendu par le milieu professionnel de son époque. Pourtant, l’ami de Prévert et Cendrars est parvenu à vendre et propager sa photographie en s’adaptant à ses publics, sans pour autant renier sa nature profonde. Bien loin de son travail à l’Agence Rapho et de son passage à Vogue, Robert Doisneau a multiplié les reportages : aux Etats Unis (New York, Hollywood et Palm Springs) en 1960, au Canada (Montréal) en 1966 ou encore en en URSS pour « 50 ans de réalisations soviétiques » en 1967. Et si son art est intimement lié à Paris, Robert Doisneau a confié pouvoir vivre « n’importe où si ce n’est pas trop loin de ceux qui rient des mêmes choses que moi » (question 2 du questionnaire de Proust).

Robert Doisneau photographié par Bracha L. Ettinger dans son studio à Montrouge en 1992. Image du domaine public.
Robert Doisneau a remporté de nombreux prix comme le Prix Kodak en 1947, le Prix Niépce en 1956, le Grand Prix national de la photographie en 1983 ou encore le Prix Balzac en 1986. Mais au-delà de ces récompenses, il est surtout devenu le modèle de générations entières d’artistes et de spectateurs touchées par ses œuvres. Il laissera quelques 450 000 négatifs derrière lui à sa mort en avril 1994.
Sarah Belnez pour Sereni Magazine.
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