En Afrique ou en Asie, les rhinocéros sont victimes de la perte de leur habitat et du braconnage. L’intensification du braconnage en Afrique pousse les autorités et les structures spécialisées dans la défense des rhinocéros à prendre des mesures drastiques.

 
 

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Les cornes des rhinocéros sont très prisées par les braconniers. Image du domaine public.

 

Si les rhinocéros d’Asie sont particulièrement menacés par les installations humaines qui réduisent leur habitat, les rhinocéros d’Afrique font face à une intensification du braconnage depuis 2007. Selon la WWF, cela s’explique par « la croissance économique en Asie, qui alimente la demande de corne de rhinocéros pour usage thérapeutique, alors qu’il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique de sa valeur médicale ». Et les pays les plus avancés dans la conservation des rhinocéros ne font pas exception. L’Afrique du Sud, qui abrite 83% des rhinocéros africains et les trois quarts de la population mondiale, a connu une hausse du braconnage d’environ 3000% ces cinq dernières années. Mais les autorités locales et les structures dédiées à la protection de ces animaux ne manquent pas d’idées pour dissuader les braconniers.

 
 

Lutter contre le braconnage en coupant les cornes…

 

Pour mettre un frein au braconnage, le Zimbabwe est en train de couper les cornes des 700 individus adultes du pays. Une mesure annoncée le mardi 30 août 2016 par l’association Aware Trust Zimbabwe qui collabore avec les autorités locales. Cette technique censée dissuader les braconniers pose cependant plusieurs limites. En plus d’être coûteuse et inefficace à long terme (la corne du rhinocéros repousse à raison de 7 à 10 cm par an), cette pratique est potentiellement néfaste à l’équilibre social des groupes d’animaux. En effet, il semblerait que la domination des mâles chez les rhinocéros noirs dépend étroitement de la longueur de leurs cornes. Il sera donc plus difficile pour eux d’établir une hiérarchie sociale une fois écornés.

 
 

…en les empoisonnant…

 

Certaines structures n’hésitent pas injecter du poison dans les cornes des rhinocéros pour rendre malades les amateurs de la fameuse poudre aux soi-disant vertus médicinales et les dissuader d’en consommer. C’est le cas de la réserve privée Sabi Sand, dans le nord-est de l’Afrique du Sud. Selon le Guardian, cette pratique légale utilise des produits chimiques qui s’avèrent toxiques mais pas mortels pour les humains. Cette technique controversée avait déjà été proposée en 2010 par une autre réserve près de Johannesbourg.

 
 

…et en créant des cornes artificielles

 

Une équipe de scientifiques est en train de mettre au point des cornes de rhinocéros biologiquement identiques en laboratoire afin de saturer le marché et de détourner les braconniers. Selon le site Quartz, les premières cornes pourraient être prêtes d’ici 2018. Le procédé consiste à réduire en poudre de la kératine, composé principal des cornes avec l’ivoire, puis de l’utiliser comme matériau par une imprimante 3D. Une technique qui pourrait être déclinée pour imprimer des défenses d’éléphants et des écailles de pangolin, le mammifère le plus braconné au monde. Une belle initiative qui laisse perplexe certaines associations environnementales : cela pourrait au contraire populariser les cornes de rhinocéros et finalement renforcer le braconnage.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.