Recycler l’eau de pluie : le geste économique et écologique

02/10/2011

Un bain consomme à lui seul 100 à 110 litres.

L’eau devient une denrée rare. Une douche d’une durée moyenne de cinq minutes utilise 50 à 60 litres d’eau. Un bain consomme à lui seul 100 à 110 litres. Les toilettes, quant à elles, envoient dans les égouts 1/3 d’eau potable. L’eau de pluie peut être utilisée dans toute votre maison, sachez-le ! En France, la récupération de l’eau de pluie se démocratise à petits pas. Une solution qui s’avère économique et écologique. Elle implique la mise en place d’un système pour stocker l’eau pluviale et l’utiliser par la suite de manière individuelle ou collective. Cette installation peut être complexe ou au contraire très simple. Mais alors quel est le principe de fonctionnement de la récupération d’eau de pluie ?



L’eau de pluie est-elle potable ?

L’eau de pluie a des caractéristiques bio-chimiques assez proches de celles de l’eau potable. Celle-ci serait même bio-compatible sans aucun traitement. Cependant, l’eau de pluie est légèrement contaminée au contact du gaz (oxydes d’azote, de soufre), des particules riches en matériaux lourds et différents aérosols relâchés par les hommes. Elle est chargée de substances posées sur les toits ou dans la citerne d’eau. Donc logiquement, l’eau de pluie n’est pas potable puisqu’elle contient de nombreux polluants présents dans l’atmosphère qui sont nocifs pour l’organisme humain. Cependant, il est toujours possible de la purifier.



Pourquoi la récupérer ?

Dans le cadre de démarches environnementales, des maîtres d’œuvre développent de nouvelles pratiques de gestion de l’eau de pluie au niveau local. D’autre part, pour les particuliers, se sont développées offre et demande en matière de récupération d’eau pluviale pour une utilisation personnelle et particulièrement en ce qui concerne les toilettes. Mais encore, récupérer l’eau de pluie vous permet de faire des économies intéressantes. C’est également un geste éco-citoyen qui s’inscrit dans une démarche de protection des ressources naturelles.



Quelle utilisation ?

L’eau de pluie peut être utilisée pour :

– les toilettes
– le lave-linge
– l’arrosage du jardin : plantes, pelouses,
– le lavage de voiture
– la mise à niveau de la piscine
– la douche et le bain
– le lave-vaisselle


En France, pour des raisons de sécurité sanitaire, l’eau de pluie et l’eau de ville circulent dans deux réseaux de plomberie différents.


Différents toits pour différents taux de récupération en eau de pluie

– Toit plat recouvert de gravier : 60%
– Toit plat recouvert de matière synthétique ou de bitume : 70/80%
– Toit plat recouvert de gazon ou d’autres plantes : 20%
– Toit en pente recouvert de panneaux ou de tuiles : 75/95%
– Toit en pente recouvert de matière synthétique ou de bitume : 80/95%
– Toit en pente recouvert de gazon ou d’autres plantes : 25% en moyenne



Les cuves

Le budget le plus important d’un système de récupération d’eau est celui qui est réservé à l’achat de la cuve d’eau de pluie. En revanche, les fabricants sont nombreux et le choix est très varié. Pour choisir il faut cibler ses besoins et déterminer à quoi sera destinée cette eau pluviale : arrosage du jardin, toilettes, lave-linge, salle de bains, eau potable… En effet le coût et le mode de stockage diffèrent selon l’utilisation.

Le choix de la cuve se fait selon trois critères :

– la place disponible
– les objectifs d’utilisation de l’eau de pluie
– la quantité d’eau potentiellement récupérable



Les matériaux

Les matériaux employés dans la fabrication des cuves sont variables : fibre de verre, bois, métal, ferrociment… En France on trouve principalement du béton et du polyéthylène haute densité.

– Polyéthylène : il est privilégié pour une installation lorsque la construction de la maison n’est pas neuve.
– Béton : en général, les cuves en béton sont en général enterrées et employées dans le cadre de constructions neuves.

D’un point de vue énergétique, le bilan est à peu près le même pour ces deux matériaux.



La pompe de distribution

Elle distribue l’eau de pluie dans la maison. Il en existe plusieurs :

– pompe d’évacuation : elle est onéreuse et demande un entretien intensif
– pompe centrifuge avec groupe hydrophore : relativement bruyante et risque de développement de bactéries sur la membrane du réservoir
– pompe centrifuge électronique à vitesse variable : pas chère
– pompe centrifuge immergée : peu coûteuse

Il est également possible de placer une pompe à filtre mécanique qui pourra retenir les petites particules de poussière.



Fonctionnement

L’installation possède quatre fonctions principales :

– la collecte : récupérer l’eau de pluie
– le traitement : assurer la qualité de l’eau de pluie par des systèmes de dégrillage et des dispositifs de filtration
– le stockage : conserver l’eau de pluie collectée
– la redistribution : acheminer l’eau récupérée vers les points d’usage



Fiscalité

Des incitations fiscales ont été mises en place en mai 2007 pour l’achat d’un système de récupération d’eau de pluie (usages extérieurs) :

– Une TVA à 5,5% sur les équipements
– Un crédit d’impôts égal à 25% des dépenses en équipements

Certaines collectivités locales encouragent l’installation de systèmes de récupération des eaux de pluie, comme la Lorraine qui subventionne les installations jusqu’à 750 euros. La ville de Lille attribue une prime d’installation d’équipements de récupération d’eau pluviale de 100 euros par m3 d’installation.
? Pour plus d’informations, lire le Bulletin officiel des impôts du 3 août 2007 ainsi que le journal officiel du 5 mai 2007 page 8022.



Coût d’une installation

Les systèmes de récupération d’eau peuvent être simples et peu coûteux à mettre en place : 1500 euros au minimum. Il existe des installations plus sophistiquées pour des coûts allant de 6000 à 9000 euros posés par un professionnel. Le coût de l’installation posée par un professionnel à tendance à augmenter considérablement le devis mais l’installation sera plus performante et surtout plus sûre.



Législation

L’Arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur des bâtiments. Il vise à favoriser la récupération de l’eau de pluie. Il prévoit que la récupération des eaux de pluie est une mesure utile avec d’autres dans le cadre d’une stratégie d’optimisation des ressources. Il incite à la mise en place de dispositifs de façon prudente, compte tenu de risques potentiels pour la santé publique. Ainsi la loi sur l’eau du 30 décembre 2006 définit : « les conditions d’usage de l’eau de pluie récupérée en aval de toitures inaccessibles, dans les bâtiments et leurs dépendances, ainsi que les conditions d’utilisation, d’entretien et de surveillance des équipements nécessaires à leur récupération et utilisation ».


Le respect de l’environnement et la consommation d’une eau pure sont une préoccupation de la part de nombreux français. La récupération de l’eau de pluie est un geste écologique qui permet de ménager les nappes phréatiques, de prévoir les crues et de diminuer les eaux de ruissellement en cas de fortes pluies. De plus, l’eau potable est de plus en plus chère. Il est également intéressant de noter que 60% de notre territoire souffrirait du manque d’eau douce tandis que les nappes phréatiques seraient insuffisamment rechargées en hiver. Une chose est sûre, l’abondance et la prolifération de piscines ainsi que la surconsommation d’eau en général n’est pas une bonne chose pour la protection des ressources naturelles.

• Emmanuelle Grimmaud, pour www.sereni.org



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