Quand le yoga réinvente la naissance
Retrouvez le contact avec votre corps. Il sait comment accoucher, écoutez ses contractions, ses besoins, ses envies. Écoutez votre bébé, laissez-vous guider.

Agir depuis ses sensations spontanément demande un entraînement et une maturation.
Cette approche de l’écoute des perceptions du corps a amené, depuis quelques années, certains établissements à développer une « salle-nature ». Au lieu de la traditionnelle table d’accouchement avec étriers, le couple, assisté par une équipe complice, va pouvoir évoluer librement dans une grande pièce. Il y trouvera une baignoire et différents accessoires permettant à la maman de s’asseoir, de s’allonger, de s’accroupir, de se baigner, tout en écoutant une musique choisie au préalable. A moins qu’elle ne préfère la profondeur du silence.
Le lieu, très convivial, est bien sûr encadré par tout un équipement technique (par exemple, monitoring fonctionnant sous l’eau pour la baignoire) qui n’exclut pas, en cas de complications, la possibilité de revenir sur une table d’accouchement dans une pièce voisine.
Ce style d’accouchement permet au père de jouer un rôle différent. Le couple peut évoluer librement et la femme adopter la position qui lui fait du bien. C’est l’écoute du plaisir et de la douleur qui guide maman. Une position confortable ne peut être mauvaise, ni pour la maman ni pour le bébé. Une posture douloureuse indique que quelque chose est à changer.
Réapprendre à sentir
Bien sûr, la salle-nature ne résout pas du tout. La liberté s’apprend et demande une maturation des consciences. C’est là que le yoga intervient comme facteur essentiel d’un éveil de conscience pour faire de cette liberté un élément de transformation. Il ne suffit pas de dire à la maman de suivre ce que son corps lui indique pour qu’elle découvre une autre façon de mettre au monde. Sentir, cela s’apprend ou se réapprend. Agir depuis ses sensations spontanément demande un entraînement et une maturation.
Le rôle du père
A l’hôpital d’Aunay-sur-Odon (Calvados), du moins avant qu’il ne ferme à la suite de nouveaux choix du ministère de la Santé, le Docteur Bonnet et son équipe donnaient la possibilité au couple père-mère d’accoucher dans une installation originale : la maman était calée entre les jambes du père, situation rassurante pour certaines femmes. Le couple ainsi uni physiquement, charnellement, respirant au même rythme, pouvait donner au père la sensation qu’il aidait viscéralement la maman à accoucher. Certains pères avaient même, paraît-il, l’impression d’accoucher. Que peut faire le père pendant l’accouchement ? Tenir le petit doigt de la maman, pourquoi pas ; l’encourager, cela fait toujours du bien de sentir une présence complice ; mais aussi respirer au même rythme qu’elle. De nombreuses femmes, que nous avons suivies, nous ont confié que le soutien le plus efficace a été, pour elles, de sentir le souffle du père calqué sur leur propre respiration.
Un pyjama à deux
Entraînez-vous, chez vous, dans les moments tranquilles. Installez-vous confortablement, la maman en position allongée, jambes fléchies. Le papa assis (en tailleur, à genoux ou sur une chaise près d’un lit), le dos vertical pour ne pas compresser l’espace du ventre. En posant les mains sur le ventre où se niche le bébé, le père va calquer sa respiration sur celle de la maman. Inspiration ensemble, expiration ensemble. Cherchez une longueur moyenne, confortable pour les deux, au point d’avoir l’impression qu’un seul et même souffle vous anime. Moment de pur bonheur. Lors de l’expulsion du bébé, le père n’aura qu’à suivre les accélérations de la maman. Le couple continuera ainsi à communiquer subtilement, malgré le va-et-vient du médecin ou de la sage-femme. Quelle force peut jaillir d’une femme quand elle entend son compagnon expirer en synergie avec elle pour aider le bébé à sortir.
Offrir la vie
Si une maman a son bébé pour elle-même dans une relation de possession, « Mon Bébé », son corps aura parfois plus de mal à s’ouvrir… Comme si le corps, dans son affectif, savait qu’après ces mois de promiscuité étroite avec l’enfant, la naissance était déjà un demi-départ, précurseur du jour où, quelques années plus tard, l’enfant quitterait le foyer familial pour voler de ses propres ailes.
Une vieille sage-femme que nous connaissions disait qu’au moment de la sortie du bébé, si la maman offre la vie au bébé pour lui-même, son corps s’ouvrira de façon plus généreuse. A méditer et même à expérimenter. De plus, au moment de la descente du bébé, la maman n’est pas la seule à agir pour mettre son bébé au monde. De nombreuses femmes disent avoir eu l’impression que le bébé cherchait lui aussi son chemin pour sortir. Alors, autant l’encourager : « Allez, petit, à toi de jouer maintenant. Descends, glisse vers l’extérieur ». Peut-être le bébé vous répondra-t-il par des mouvements appropriés.
L’expulsion
Le terme d’expulsion manque de poésie. Il correspond à la descente du bébé et à son passage par le col de l’utérus pour enfin apparaître au monde. Classiquement, la maman va alors pousser, augmentant ainsi les pressions internes. Sur un corps plus tendu, les contractions utérines seront plus douloureuses. D’où la recherche d’un autre mode de naissance où, au lieu de pousser poumons bloqués, la maman va accompagner les contractions utérines de son expiration.
Accompagner la descente du bébé par l’expiration : la respiration d’expulsion

La visualisation permet d’inspirer jusqu’à la douleur et de l’inviter à glisser par une expiration orientée dans l’axe utérin ou dans les jambes.
« Inspirez, bloquez, poussez » disaient encore hier les sages-femmes, parfois encore aujourd’hui. Ce protocole a fait, certes, de beaux bébés. Mais naître en yoga nécessite un accompagnement de la descente du bébé par le souffle.
Il faut acquérir la maîtrise de la respiration vaginale (Voir Santé Yoga N°6, page 8). Lorsqu’enfin le bébé est prêt à descendre, que le col est suffisamment distendu, et que les grandes contractions d’expulsion ont commencé, la maman inspire par les narines le prana et le conduit jusqu’au bébé. Puis, elle demande au bébé de descendre en le poussant avec une expiration active et en visualisant le chemin à parcourir. Il s’agit donc d’une expiration vaginale. A la différence que l’expiration est buccale et puissante, mais qu’en conscience elle est vraiment vaginale. La maman a l’impression d’expirer l’air, de le canaliser dans l’axe vaginal à la suite du bébé. Celles qui ont pratiqué chaque jour la respiration vaginal vont immédiatement sentir intuitivement la façon de se placer.
Expiration vaginale : les avantages
1) Elle augmente la puissance d’expulsion car le diaphragme pousse le bébé vers le bas et oriente les contractions utérines vers le vagin.
2) L’essoufflement est moindre. Si la maman bloque sa respiration pendant la poussée, elle ne reçoit pas d’air pendant ce temps de rétention et peut manquer d’oxygène. Alors que l’expiration active l’amène immédiatement à inspirer sans temps d’arrêt. Cette pratique maintient la maman plus fraîche entre deux séries de contractions.
Savoir retenir le bébé
Si le col est insuffisamment ouvert et les contractions d’expulsion déjà engagées, la sage-femme peut demander à la maman de ne pas se laisser aller à pousser pour éviter une déchirure. Il faut attendre que le col continue à se distendre. Ce moment peut se révéler plus douloureux que l’expulsion elle-même. L’inspiration vaginale longue et forte l’aide à passer ce cap difficile avec l’impression de retenir le bébé, de le laisser haut dans le corps. Pour éviter des tensions trop fortes, il faut qu’elle vide la violence de la retenue par le haut du corps avec une expiration buccale courte et tonique, permettant aussitôt d’enchaîner par une nouvelle inspiration. Pour être maîtrisée, cette respiration doit faire l’objet d’un entraînement spécifique avec quelqu’un d’expérimenté.
Ne pas éviter la douleur, l’accompagner sur l’extérieur
Face à une douleur, notre première réaction est de nous rétracter, de la refuser. Par cette résistance qui semble légitime, nous gardons en nous cette douleur au risque de l’aviver. La tension accentue la douleur. Le relâchement semblerait donc plus logique. Or, cette recherche de détente n’est pas n’est pas suffisante car car l’énergie de résistance reste en place dans la zone agressée. La douleur est simplement domptée, maîtrisée. L’intérêt de la perception douloureuse est de nous faire prendre conscience d’un blocage qui s’est refermé sur lui-même.
Or, Yoga signifie « relier ». Il faut impérativement que la partie contracturée se relie, d’où l’importance d’expirer la douleur sur l’extérieur, de ne pas la garder en soi, de l’évacuer par des axes privilégiés. La visualisation permet d’inspirer jusqu’à la douleur et de l’inviter à glisser par une expiration orientée dans l’axe utérin ou dans les jambes. Un entraînement simple, avec un professeur de yoga expérimenté, permet vite à la maman de comprendre et de sentir.
Force et détente pour l’accouchement
Il faut de la force pour stimuler des contractions puissantes et efficaces, et de la détente pour une ouverture plus large du col de l’utérus et des os du bassin. La maman ne sent pas son col, zone peu innervée. Le vagin perceptible et plus actif (c’est un sphincter capable de se tendre et de se relâcher), permet d’agir indirectement sur la tonicité du col. Si l’axe vaginal se détend, « s’ouvre comme une fleur » avec l’expiration vaginale, le col va suivre ce mouvement général d’ouverture et de détente. Un col souple et relâché réagit moins au passage du bébé.
D’où l’intérêt de cette expiration vaginale dans les derniers instants avant l’expulsion. Mais la force de l’expulsion partant de l’utérus, il est essentiel de canaliser le prana pour l’y conduire. Il augmentera ainsi sa réserve de puissance pour libérer au moment voulu les grandes contractions d’expulsion. Pour cela, visualisez l’inspiration des narines jusqu’au ventre en y invitant le prana. Attendez un bref instant pour stocker cette énergie dans l’utérus (kumbhaka) et expirez par l’axe vaginal en ouvrant mentalement le passage.
Cette respiration peut se faire plusieurs jours avant la naissance pour amorcer le processus.
La délivrance
L’expiration vaginale peut servir lors de l’expulsion du placenta. Mais juste après cette opération, il est très important de faire une série d’inspirations vaginales pour retonifier l’utérus. Dans les quinze jours suivants la naissance, des séries d’inspiration vaginales quotidiennes servent à reconstruire le périnée et l’utérus. L’allaitement aide également l’utérus à se resserrer.
Asanas après la perte des eaux
Beaucoup de femmes s’alourdissent et se raidissent le dernier mois de leur grossesse. D’où l’importance d’une pratique quotidienne. Les asanas qui suivent sont réservées aux femmes entraînées qui, sans difficulté, peuvent libérer la respiration et le ventre. Ces asanas aideront la descente du bébé dans les dernières heures, lorsque la poche des eaux s’est ouverte.
? Lire aussi Yoga : les postures de l’accouchement
Où accoucher de cette façon ?
Nous avons formé les sages-femmes de l’hôpital de Saint-Malo et de l’hôpital de Lisieux. Au CHU de Caen – doté d’une salle-nature -, de nombreuses sages-femmes ont suivi notre formation. On peut y accoucher avec l’aide de l’acupuncture. De l’accouchement avec l’aide de l’expiration se développe. Demandez à la maternité choisie. Les sages-femmes sont très ouvertes à tout ce qui peut aider la maman. Dialoguez.
• Alain Delaporte-Digard, pour www.sereni.org
Pendant ses nombreux tours du monde, Alain Delaporte-Digard a développé une connaissance de l’être dans sa globalité, une compréhension du fonctionnement du corps et de ses blocages, un savoir-faire amenant au savoir-être.
Il a créé avec sa femme Josiane une méthode pour réguler les flux dans le corps, la bioRégulation. Il continue à créer des SPA dans le monde entier (Giorgio Armani à Tokyo, le nouveau paquebot France, …, SPA en Azerbaidjan et au Maroc en cours)
Alain consulte dans son cabinet
Sereni SPA
16 rue de Marignan 75008 Paris
01 42 09 54 69
Laisser un commentaire