La gentillesse, une valeur d’aujourd’hui ?

Vu par Pierre Zémor : le temps de l’Autre.

 

« Je suis très porté vers la gentillesse réciproque. Pas seulement entre amis mais celle qui éviterait d’aborder les problèmes par l’agressivité. La gentillesse est prise comme une valeur de naïveté, de personnes timorées qui veulent se protéger des agressions, et pas du tout comme elle peut être pratiquée… comme une force. La gentillesse est une force, comme la tolérance est une force.

Elle n’exclue pas qu’il y a également chez l’individu une grande source de violence. Et c’est là où la gentillesse ne doit pas être une naïveté. Elle est une tentative, mais combien de choses se passeraient bien si on faisait cette tentative avant de passer à la tension.

D’une part dans la communication, on est amené à bâtir la rationalité et la vérité pour soi et ensuite, on essaie de la faire partager. Mais il n’y a jamais qu’une vérité. Il n’y a que la discussion et le débat. Pour le juge par exemple, c’est le débat contradictoire qui va permettre de dire UNE vérité humaine qui se trouve dans cette situation. De ce fait, se mettre d’accord sur quelque chose dépend de la qualité de la discussion et du débat contradictoire. A bâtir une rationalité individuelle qu’on a du mal à mettre en commun, on en vient à penser que la finalité de la conduite d’un groupe ou de la société est uniquement rationnelle. Et là, on passe complètement à côté de la réalité. Car si le langage est une expression rationnelle de ce que les gens peuvent partager ou penser entre eux, il est aussi l’aboutissement d’une situation dans laquelle il y a de la passion, des émotions et de l’irrationnel. Et il faut l’accepter. Il faut faire un compromis, non seulement entre des positions et des arguments rationnels, mais aussi avec la part de passion qu’il y a dans l’individu. On aurait tort de vouloir constamment en faire l’impasse parce que, dans l’irrationnel, il y a tout ce qui permet d’inventer – parfois de souffrir mais également la possibilité de l’improbable par rapport au certain, au possible ou au très probable du rationnel. Et c’est, comme le dit Edgar Morin, la manière de sortir de la complexité, ou en tout cas de l’aborder. »

 

? L’itinéraire professionnel de Pierre Zémor

 

Quelques étapes entre 1962 et aujourd’hui :
– consultant en organisation, études économiques et prospective, informatique et politique de communication ;
– dirigeant de société de conseil et S.A HLM ;
– administrateur de France 2 et Institut Géographique National ;
– conseiller d’état ;
– professeur à HEC ;
– conseiller de Michel Rocard et aussi élu ;


….  et grand ami de SereniTV.


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