Avec 6,5 milliards de kilos de déchets plastiques déversés chaque année dans les océans, la pollution marine ne cesse de s’aggraver. Plusieurs scientifiques et écologistes tentent d’attirer l’attention du public sur le continent plastique.

 
 

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Le continent plastique s’étend sur une surface six fois plus grande que la France. Image du domaine public.

 

Selon le Planétoscope, 6,5 milliards de kilos de déchets plastiques sont déversés dans les océans chaque année, soit 206 kilos par seconde, qui finissent en micro-particules ingérées par la faune marine. Au-delà des chiffres, cette pollution est désormais largement visible et porte un nom : le continent plastique. C’est en 1997 que le navigateur Charles Moore découvre par hasard une première étendue de déchets, au centre de la gyre du Pacifique Nord. En 1999, il décide de mener la première expédition de recherche pour étudier la pollution marine de cette zone, devenue connue sous le nom de « Great Pacific Garbage Patch » (la « grande poubelle du Pacifique »). Avec son ONG, l’Algalita Marine Research Foundation, il met au point une méthode de quantification des déchets en filtrant l’eau des océans. Les scientifiques dénombrent alors 334 271 fragments de plastique par km2 en moyenne.

 
 

Grande poubelle du Pacifique, continent plastique, 7ème continent, 8ème continent, soupe de plastique…

 

D’abord connue sous le nom de « Grande poubelle du Pacifique », la zone de pollution située au cœur de l’océan Pacifique Nord fut rapidement appelée « continent plastique », « 7ème continent » ou encore « 8ème continent ». Avec une surface d’environ 3,4 millions de Km2, soit près de 6 fois la superficie de la France, le terme « continent » ne semble en effet pas exagéré… Mais aussi impressionnante soit-elle, cette zone de pollution n’est pas détectable sur les photographies prises par des satellites. Car si l’on s’attend à des amas de déchets solides et flottants, ces sont des petits fragments de plastiques qui se répartissent sur une couche d’eau allant parfois jusqu’à 30 mètres de profondeur qui inquiètent les scientifiques. Pour cette raison, l’expression « soupe de plastique » est plus juste. On retient cependant l’idée de « continent plastique », plus forte et plus marquante. Mais si l’on considère, d’un point de vue géographique, qu’un continent est défini comme étant séparé des autres par la mer ou l’océan, la découverte d’autres grandes zones de pollution plastique dans les océans peut questionner sur l’appellation « 7ème continent ».

 
 

D’autres grandes zones de pollution

 

En 2010, une nouvelle plaque de déchets comparable, celle de l’Atlantique Nord, est découverte au large des États-Unis. Une mission scientifique française, l’expédition « 7ème continent » est alors menée par le navigateur guyanais Patrick Deixonne en 2013. Cette première expédition d’étude sera approfondie en 2014 et en 2015 avec le soutien du Centre national d’études spatiales (CNES). L’expédition « 7ème continent » prévoit d’explorer le golfe de Gascogne, puis de partir en Amérique du sud fin 2016 pour rejoindre l’Atlantique Sud. Car au-delà des deux zones situées au sein du Pacifique Nord et de l’Atlantique Nord, il existe trois autres grands bassins océaniques touchés par cette pollution : le Pacifique Sud, l’Atlantique Sud et l’Océan Indien. Une situation expliquée par les courants marins et la force centripète. Celle-ci aspire lentement et durant plusieurs années les déchets vers le centre de la spirale, où ils s’entassent. Ces immense vortex sont appelés « gyres ».

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.