Obtenus à partir d’une matière première végétale, animale ou de déchets, les biocarburants représentent une alternative aux carburants d’origine fossile. Mais cette solution est-elle aussi durable et écologique qu’elle n’y paraît ?

 
 

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Un champ de colza. Image du domaine public.

 

Généralement incorporés dans les carburants d’origine fossile, les biocarburants sont des substituts énergétiques obtenus à partir de la biomasse (matière première d’origine végétale, animale ou issue de déchets). Le terme agrocarburant est également utilisé afin d’éviter la confusion entre les produits issus de l’agriculture biologique et les carburants d’origine agricole.

 
 

Trois générations de biocarburants

 

On distingue actuellement trois générations de biocarburants selon l’origine de la biomasse utilisée et les procédés de transformation associés. Seuls les biocarburants de la première génération ont atteint le stade industriel mais ne peuvent être produits qu’en quantité limitée. En effet, ces derniers se partagent le secteur de la production alimentaire puisqu’il s’agit principalement de canne à sucre, de betterave, de colza, de tournesol, de soja, etc.

Il existe deux grandes filières de production des biocarburants : la filière biocarburant essence pour les véhicules essence et la filière biocarburant gazole pour les véhicules Diesel.

La deuxième génération est quant à elle en cours de développement. Elle regroupe les biocarburants issus de la transformation de la lignocellulose contenue dans les résidus agricoles (paille) et forestiers (bois), ou dans des plantes provenant de cultures dédiées (taillis à croissance rapide). Enfin, les biocarburants de la troisième génération seront obtenus à partir d’algues.

 
 

Vers les biocarburants

 

Parallèlement aux efforts menés par des centres de recherches, plusieurs financements relatifs aux biocarburants ont été mis en place. Entre autre, un fonds de soutien pour les recherches engagées dans les différents domaines des nouvelles technologies de l’énergie que le gouvernement a confié à l’ADEME. Cette dernière a ainsi lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur les biocarburants de la deuxième génération. On note également le programme Bioénergies 2010, mené par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), dont l’objectif est la valorisation énergétique de tous les constituants de la biomasse.

 
 

Une alternative écologique durable ?

 

En plus de briser le monopole pétrolier dans le secteur énergétique, le développement des biocarburants est créateur d’emplois. Mais cette démarche alternative aux carburants d’origine fossile n’est pas aussi écologique qu’elle n’y parait. Et si le principe de durabilité des biocarburants a été introduit dans la législation suite au Grenelle de l’Environnement, la loi précise que « la production des biocarburants est subordonnée à des critères de performances énergétiques et environnementales comprenant en particulier leurs effets sur les sols et la ressource en eau ». En effet, le développement des biocarburants nécessite une production croissante des sols qui entraîne une déforestation et une érosion des sols. Cette exploitation des terres menace également la sécurité alimentaire des régions pauvres, déjà touchées par le manque de nourriture. Le gouvernement reconnait d’ailleurs qu’un « certain nombre d’études ont montré que les bénéfices environnementaux attribués aux biocarburants de première génération étaient probablement surévalués ». Les recherches concernant la deuxième et surtout troisième génération de biocarburants semblent donc indispensables pour espérer développer un biocarburant durable et écologique.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.