Les nouvelles technologies et la médecine ont permis une constante progression de l’espérance de vie à la naissance. D’après une étude récente, ces évolutions connaissent des limites. Quelles sont-elles ?

 

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Jusqu’où va l’espérance de vie ? Image du domaine public.

 

Après une augmentation constante depuis 1969, l’espérance de vie à la naissance recule pour la première fois de 0,3 an (78,99 ans) pour les hommes et de 0,4 an (85 ans) pour les femmes en 2015 en France métropolitaine d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Selon une étude publiée le mercredi 5 octobre 2016 dans la revue scientifique britannique Nature, l’âge maximum de l’être humain a été atteint. En étudiant des centenaires et les super-centenaires (individus âgés de plus de 110 ans) de 38 pays, les chercheurs de l’Albert Einstein College of Medicine, à New York, ont montré que l’espérance de vie a atteint un plateau autour de 1980, avant de plafonner. Une limite qui peut s’expliquer selon deux facteurs : les éléments externes et les caractéristiques propres à notre espèce. S’il est difficile de lutter contre notre patrimoine biologique et surtout génétique, une étude menée par l’Institut des mesures et évaluation de la santé (IHME) et publiée dans la revue The Lancet le 8 octobre 2016, affirme que notre mode de vie est l’ennemi principal de l’espérance de vie. Sur les 195 pays analysés, l’étude relève la guerre, l’obésité et la toxicomanie comme principales barrières à l’espérance de vie. Et si les Français ne sont pas frontalement exposés à la guerre, de nombreuses causes peuvent la remplacer, comme le stress, la pollution ou les conséquences liées aux nouvelles technologies.

 

Le paradoxe des nouvelles technologies

 

Si les nouvelles technologies ont permis de trouver des moyens d’augmenter l’espérance de vie, elles sont également un ennemi redoutable pour la santé physique et émotionnelle. Le rapport de juin 2016 de l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES) intitulé « Exposition aux radiofréquences et santé des enfants » affirme que les ondes ont des effets négatifs sur les fonctions cognitives et le bien-être des enfants. À cela peut s’ajouter du stress, de la fatigue, des troubles du sommeil mais également une exposition non désirée sur internet. Selon le Gouvernement, 1 élève sur 5 est confronté au cyber-harcèlement. Des chiffres qui annoncent parfois des dépressions voire des suicides. En grandissant, ce sont les applications de géolocalisation qui peuvent interférer dans la vie professionnelle (cas Orange) et personnelle (application Zenly). Sans oublier l’isolement que créent ironiquement les réseaux sociaux, censés rapprocher les individus. Pourtant, la qualité de nos relations impacte notre espérance de vie : vivre en couple (Insee), avoir de vrais amis (IDUNN Technologies) permettrait de vivre plus longtemps.

 

Les nouvelles technologies sont une source inépuisable de paradoxes : elles permettent d’augmenter l’espérance de vie mais leur exposition la réduit, le remplacement de certains emplois par les machines a évité une mort prématurée à de nombreux ouvriers mais en a conduit beaucoup au chômage, à la précarité et au stress, les ondes sont nocives pour notre santé et pourtant avoir un téléphone peut vous sauver si vous faites un AVC en pleine campagne, etc. Dans cette société paradoxale, où certains meurent de faim tandis que l’obésité est un facteur majeur de mortalité, chercher un équilibre conduit à se poser différentes questions : non pas jusqu’à quand allons-nous vivre mais comment souhaitons-nous vivre ?

 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.

 

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