Si les phéromones fonctionnent chez de nombreuses espèces animales, son efficacité chez l’Homme demeure controversée. Quel impact ont nos odeurs dans nos relations amoureuses ?

 
 

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Aucune étude scientifique sérieuse ne prouve l’efficacité des phéromones chez l’Homme. Image du domaine public.

 

Sueur, haleine… certaines odeurs corporelles peuvent être un véritable frein à des rapprochements. Mais peuvent-elles pour autant favoriser une attraction entre deux êtres ? Pour les organisateurs de « Phéromone Party », la réponse est assurément positive. De Los Angeles à Londres en passant par Paris, les « Phéromone Party » sont des soirées speed dating où l’on sélectionne ses partenaires potentiels à leur odeur corporelle. Pour cela, chaque participant amène un de ses T-shirt qui sera placé au congélateur afin de tuer les bactéries. Mais si l’on peut effectivement être séduit par le parfum de l’autre comme on peut l’être par une odeur de gâteau sortant du four, parler de phéromones est une autre histoire.

 
 

Qu’est-ce que les phéromones ?

 

Le dictionnaire Larousse définit les phéromones comme une « substance chimique, qui, émise à dose infime par un animal dans le milieu extérieur, provoque chez un congénère des réactions comportementales spécifiques ». En effet, chez les Insectes mais aussi chez tous les autres groupes d’animaux, ainsi que chez les végétaux et les bactéries, les phéromones représentent un moyen de communication entre les individus de la même espèce. On reconnait plusieurs types comme les phéromones sexuelles, les phéromones d’alarme, les phéromones de piste, etc. Chez les mammifères, le récepteur des phéromones est appelé organe voméronasal ou organe de Jacobson. Les humains en possèdent un à la base du nez, à l’intérieur, dans une région séparée de celle de l’olfaction.

 
 

Odeurs ou phéromones ?

 

Entre les produits censés être chargés en phéromones pour augmenter son degré de séduction et les nombreux articles affirmant que nos phéromones peuvent influer nos attirances, il est difficile de nier l’impact de ces substances. Pourtant, aucune étude sérieuse ne permet d’affirmer cette théorie. Il suffit de se pencher sur la copuline et l’androstènedione, deux substances généralement présentes dans les produits à base de phéromones. Présente dans les sécrétions vaginales des singes, la copuline est une phéromone qui fut testée sur des hommes. Mais les volontaires en contact avec la copuline n’étaient pas plus excités par des photos de femmes que ceux étant en contact avec des placebos. Quant à l’androstènedione, cette substance chimique présente dans la sueur, elle fut l’objet d’une étude en 1995 dans laquelle des femmes devaient renifler des t-shirts imprégnés de sueur et choisir celui qui leur plaisait le plus. Les résultats montrèrent que ce n’était pas l’androstènedione qui attirait les femmes mais la façon dont il se mélange aux gènes d’un homme : les femmes ont choisi des T-shirts portés par des hommes dont le système immunitaire était le plus différent du leur. Douze années plus tard, Andreas Kellar, généticien à l’Université Rockfeller, a découvert que l’on peut trouver l’androstènedione particulièrement attirante, totalement repoussante voire être incapable de la sentir. Or, une phéromone est censée être sentie par tous les membres de l’espèce. En 2004, Linda Buck et Richard Axel, ont reçu le Prix Nobel de Physiologie et de Médecine pour leur étude sur les récepteurs olfactifs. Ils ont ainsi découvert que les récepteurs olfactifs représentent la plus grande famille de protéines connue à ce jour chez l’être humain. La multitude de gènes olfactifs, qui varient selon les individus, offre tellement de possibilités qu’il semble difficile de croire au « pouvoir » des phéromones sur l’être humain. Et aucune preuve scientifique sérieuse ne peut le contredire à ce jour.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.