Le 4 novembre 2015, Guillaume Bodin sort son documentaire « Insecticide, mon amour ». Pendant deux ans, ce réalisateur et ouvrier viticole a mené son enquête sur les traitements préventifs contre la flavescence dorée, maladie de la vigne.

 
 

« Guillaume Bodin a 26 ans, il est réalisateur et ouvrier viticole en Saône-et-Loire lorsqu’il est victime des traitements obligatoires aux insecticides contre la cicadelle de la flavescence dorée. Comme il est impossible de se faire entendre, il décide alors de quitter son travail et d’enquêter sur la question ! Il part à la rencontre de nombreux acteurs du milieu viticole et scientifique comme Emmanuel Giboulot et Thibault Liger Belair, ces vignerons ayant refusé de traiter aux insecticides. Ou Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS et lanceur d’alerte sur les effets catastrophiques de l’utilisation de ce type de pesticides sur l’environnement. Le couple Claude et Lydia Bourguignon apporte de nombreuses informations sur l’impact de ces produits chimiques sur la faune des sols. Néanmoins, tout n’est cependant pas si sombre dans cette affaire, puisqu’un collectif de vignerons tente de faire évoluer le dossier vers un plus grand respect de l’environnement ».

 


 
En 2011, Guillaume Bodin réalise son premier documentaire, « La Clef des Terroirs », sur la biodynamie dans le monde du vin et sur le quotidien des vignerons désirant travailler au plus près de la nature. Deux ans plus tard, il décide de quitter son emploi d’ouvrier viticole en Saône-et-Loire (Bourgogne) pour débuter une enquête sur les traitements préventifs contre la flavescence dorée, maladie contagieuse mortelle pour la vigne. Il lui faudra deux années supplémentaires pour récolter les témoignages nécessaires à la réalisation de son deuxième documentaire : « Insecticide, mon amour ». Parmi les intervenants, Emmanuel Giboulot, viticulteur beaunois connu pour avoir refusé de traiter à titre préventif ses 10 hectares de chardonnay en mai 2013. Le préfet avait pourtant ordonné ce traitement pour lutter contre la flavescence dorée. Ce refus d’obtempérer lui vaudra un procès très médiatisé. Après une condamnation à une amende de 1000 euros, Emmanuel Giboulot a finalement été relaxé par la cour d’appel de Dijon le jeudi 4 décembre 2014. Ce sont ces rencontres sur le terrain mêlées à des entretiens avec des scientifiques comme Jean-Marc Bonmatin ou le couple Claude et Lydia Bourguignon qui font d’« Insecticide, mon amour » un documentaire complet et clair. Tous ces faits et données scientifiques n’enlèvent cependant rien au militantisme du jeune réalisateur qui a privilégié la connaissance et la réflexion à une application de loi pas forcément logique. En effet, sur une route au milieu de deux parcelles, le vigneron Thibault Liger Belair explique que l’une d’elle, située en Saône et Loire, est soumise à un arrêté préfectoral qui ordonne trois traitements aux insecticides alors que la parcelle située à de l’autre côté de la route, à environ 3 mètres, est du côté Rhône-Alpes, est n’est donc pas soumise à cet arrêté préfectoral.

 

En une heure à peine, Guillaume Bodin parvient à mettre en lumière les dysfonctionnements de notre loi et les dégâts que l’on peut causer sur de nombreuses espèces en voulant en protéger une autre. « Insecticide, mon amour » est également un message positif qui montre que chacun peut agir à son niveau et faire bouger les mentalités.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.