Le syndrome de Diogène se caractérise par une accumulation maladive d’objets et de déchets chez soi. L’augmentation récente de signalements permet de mettre en lumière ce syndrome souvent méconnu.

 
 

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Le syndrome de Diogène se caractérise par une accumulation maladive d’objets et de déchets chez soi. Image du domaine public.

 

Phénomène encore peu connu, l’accumulation maladive d’objets et de déchets porte un nom : le syndrome de Diogène. Selon une enquête publiée mercredi 21 septembre par Le Figaro, la ville de Paris est de plus en plus sollicitée pour venir en aide aux personnes atteintes ; « en 2015, 148 arrêtés préfectoraux ont été pris, après signalements, pour mettre fin à ces situations d’incurie dans ces logements, alors qu’il n’y en avait qu’une vingtaine il y a dix ans », explique Pascal Martin, responsable du Service technique de l’habitat de la capitale. Selon le Docteur Jean-Claude Monfort, neuro-psychogériatre et spécialiste du sujet, il ne s’agit pas forcément « d’une hausse du phénomène mais plutôt une hausse des signalements auprès des personnes compétentes. Pourquoi? Parce que la perception de ce syndrome a changé. Avant, les Diogènes étaient perçus comme des personnes malsaines, elles étaient reléguées à la rubrique des faits divers et on ne s’en occupait pas. Aujourd’hui, les services sociaux, les professionnels de santé, les pompiers et le grand public connaissent mieux ce phénomène et ont donc plus le réflexe de le signaler. Il y a eu une sorte de prise de conscience ».

 
 

Identifier le problème

 

Les personnes atteintes du syndrome de Diogène souffrent de deux troubles associés : l’incurie, qui correspond à une extrême négligence de l’hygiène corporelle et de l’habitat, et la syllogomanie, qui fait partie des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et qui se traduit par une accumulation maladive d’objets et de déchets. Si ces troubles semblent facilement visibles, il est pourtant difficile de repérer les personnes atteintes de ce dérèglement psychologique et comportemental. De plus, la personne atteinte peut parfois avoir une hygiène corporelle acceptable même si son logement est insalubre. Il est presque impossible d’établir un profil type puisqu’il n’existe pas de corrélation entre le syndrome de Diogène et le milieu, l’âge ou le sexe. Généralement isolées et autonomes, les personnes souffrant de ce syndrome sont découvertes par hasard lors de plaintes du voisinage pour nuisances (odeurs nauséabondes) ou par signalement de leur entourage. Mais les risques ne s’arrêtent pas à la santé physique et mentale de la personne touchée : l’accumulation colossale d’objets et de déchets peut provoquer des effondrements et des incendies.

 
 

Sortir du chaos

 

S’il n’existe pas de profil type, les personnes atteintes du syndrome de Diogène refusent généralement toute aide venant de l’extérieur et refuse d’admettre qu’elles ont un problème. Il est donc très délicat de les faire entamer une démarche de guérison. Désormais, il existe des sociétés de nettoyage spécialisées dans les opérations de grand nettoyage et de désinfection de logements dits « diogènes » ou insalubres. Mais ce premier pas vers la guérison ne peut être efficace que s’il est accompagné d’un soutien psychologique. Dans certains cas, une aide psychiatrique est nécessaire.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.