Pionnière dans l’évolution de l’éducation avec son interdiction de la fessée en 1979, la Suède représente un modèle pour de nombreux pays. Mais cette vision de l’éducation semble connaître des limites.

 
 

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Le modèle d’éducation suédois. Image du domaine public.

 

En 1979, la Suède s’est démarquée en inscrivant l’interdiction des châtiments corporels dans son code pénal. C’est également le premier pays à avoir instauré le congé parental en 1974. Plusieurs décennies et quelques mesures gouvernementales plus tard, les chiffres sont éloquents. Le classement 2013 de l’Unicef sur le bien-être des enfants dans les pays riches, portant sur 29 pays, a placé la Suède en 5ème position. Cependant, l’Unicef souligne que le modèle suédois en faveur des droits des enfants est confronté à certains défis. La Suède connaît entre autre une augmentation du nombre d’enfants et de jeunes souffrant de troubles psychologiques et d’obésité. Les conséquences probables d’un modèle de l’enfant roi poussé à l’excès.

 
 

Le modèle de l’enfant roi

 

David Eberhard, psychiatre et père de six enfants, a confirmé à l’AFP que s’il est logique d’écouter ses enfants, « c’est allé trop loin en Suède. Ils ont tendance à tout décider dans les familles: quand se coucher, quoi manger, où partir en vacances, même la chaîne de télévision. […] Ils crient s’il y a des adultes qui parlent à table, ils vous interrompent sans arrêt et ils exigent la même place que les adultes ». Selon le psychiatre, cela ne leur rend pas service et prépare mal les enfants suédois à la vie adulte. En effet, la frustration structure et permet de poser des limites. Le « non » n’est pas une punition mais prépare, au contraire, les enfants aux difficultés professionnelles et sentimentales qu’ils rencontreront à l’avenir. Sans cet encadrement, leurs attentes sont trop élevées et leur déception inévitable. Cela se ressent par une croissance des troubles de l’anxiété et des tendances à comportements autodestructeurs. Ce constat récent est partagé par de nombreux experts, parents ou simples observateurs. Pour le professeur Gudrun Ekstrand, « les enfants ne sont pas armés pour jouir de la liberté démocratique alors que les parents n’osent même plus contredire leurs enfants ».

 

Il existe un monde entre considérer l’enfant comme un individu et le laisser faire tout ce qu’il veut. Il y a également une différence entre des méthodes éducatives personnelles et un seul modèle prôné pour tout un pays. Aussi admirée soit-elle, la Suède ne semble pas avoir trouvé le juste équilibre pour l’éducation de ses générations futures.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.